Service philatélie d’Algérie Poste : L’anarchie s’installe dans la durée

Arslan Selmane a écrit: «C’est la première fois depuis des décennies que l’administration postale en Algérie est incapable d’établir un programme annuel et le respecter, un fait unique au monde, alors que le timbre algérien jouissait d’une notoriété internationale», regrettent des philatélistes.

C’est la première fois dans l’histoire de la Poste en Algérie que le service chargé des émissions philatéliques connaît une anarchie qui devient la règle. Une situation qui dure depuis le début de cette année et qui a, à cause d’émissions reportées ou annulées sans préavis, d’erreurs et de plagiats flagrants, fini par porter un sérieux coup à la notoriété du timbre algérien, mais aussi aux milliers de philatélistes complètement désorientés. «C’est la première fois depuis des décennies que l’administration postale en Algérie est incapable d’établir un programme annuel et le respecter, un fait unique au monde, alors que le timbre algérien jouissait d’une notoriété internationale», regrettent des philatélistes.

Ces derniers ne cachent pas leur inquiétude face à la situation déplorable qui règne au service philatélie d’Algérie Poste. «En plus du programme annuel qui n’existe plus, les dates des émissions de timbres ne sont jamais communiquées, même pas dans la presse ou sur le site d’Algérie Poste. Que dire alors des émissions-surprise et hors programme vendues uniquement au niveau d’Alger et qui ne parviennent même pas aux recettes principales des autres wilayas, sauf miraculeusement et avec un retard considérable ?» ajoutent des philatélistes en colère, notamment ceux des wilayas de l’intérieur qui pointent chaque jour dans les recettes principales dans l’espoir de voir arriver ces nouveaux timbres.

Il est vrai aussi que l’on assiste à des émissions anarchiques, où l’on ne respecte même pas la date, plus connue chez les philatélistes par «Premier jour» coïncidant avec la célébration d’un événement et qui paraissait traditionnellement le même jour dans toutes les recettes principales de l’Algérie. «C’est le cas de plusieurs émissions qui ont été complètement décalées», déplore-t-on.

Pour de nombreux philatélistes, il est regrettable que le protocole d’émission — il faut attendre d’abord la fameuse vente officielle à la Grande-Poste d’Alger — fasse l’impasse sur la distribution de ces timbres dans les wilayas. C’est ce qui s’est passé récemment avec les timbres célébrant la Journée mondiale de l’alimentation et l’Exposition universelle de Milan.

Selon Mohamed Achour Ali Ahmed, journaliste philatélique, «cette structure, qui navigue à vue depuis des années, est arrivée à un tel niveau de contre-productivité qu’une intervention salutaire de Madame la ministre de tutelle est fortement souhaitée. L’absence de programme annuel est une aubaine pour les responsables qui, entre reports et annulations, ont désormais le champ libre pour émettre n’importe quoi, n’importe comment à la date qui leur convient. Nous sommes loin du temps où ce programme était publié au Journal officiel ! Algérie Poste gagnerait à reconsidérer sa politique philatélique qui se résume aujourd’hui à la maltraitance inadmissible aussi bien du timbre que du collectionneur».
Arslan Selmane